D’autres mondes, d’autres cultures

Orientalistes

Les deux peintres, Théodore Frère et Narcisse Berchère, exposés dans ce chapitre ont cédé aux rêves de leur jeunesse en choisissant de s’embarquer pour l’Orient. Après le démantèlement de l’Empire ottoman, les nouvelles voies maritimes offrent aux artistes qui veulent voyager des prix accessibles pour un autre « Grand Tour ». Cette nouvelle destination est une révélation esthétique, comme un retour aux sources, un appel irrésistible à portée de main. En 1837, Théodore Frère voyage pour la première fois en Orient. Après l’Algérie, la Syrie, il visite l’Égypte à deux reprises en 1851 et 1869. Le gouvernement local lui offre un atelier d’où l’artiste écrit ces lignes : « De là, j’ai le cadre sous moi, à droite, le désert avec les chameaux glissant dessus et leurs ombres qui les escortent. » Sur le panneau que nous présentons, l’artiste a traduit la lumière du soir avec une intensité éblouissante, jouant avec les contrastes lumineux du ciel et les ombres sourdes d’un campement de Bédouins.

Quant au peintre Narcisse Berchère, c’est après avoir parcouru l’Espagne qu’il visite la Syrie puis l’Égypte à plusieurs reprises entre 1860 et 1869. Il y croise Gérôme, Fromentin, Tournemine, Bartholdi et beaucoup d’autres. Si Berchère choisit lui de représenter le pittoresque d’un caravansérail avec son enchevêtrement architectural et ses attroupements de chameliers, c’est avec une certaine mélancolie que l’artiste scrute et décrit la scène allant jusqu’à nous faire ressentir le vent dans les cimes échevelées des palmiers. « La grandeur, l’étonnante mélancolie du tableau ne saurait s’exprimer dans des langues humaines », Chateaubriand exprime ici le dénuement des mots face à un art qui fait voyager et enrichit l’âme.