Lot : 124
ETYMOLOGICUM MAGNUM GR&ECUM [en grec]. [Venise, Zacharias Callierges pour Nicolaos Blastos et Anna Notaras, 8 juillet 1499]. In-folio, veau fauve, dos orné, pièce de titre rouge (Reliure du XVIIIe siècle). GW, 9426. – HC, 6691*. – Pellechet, 4629. – Goff, E112. – Essling, 1184. EDITION PRINCEPS DE CE LEXIQUE BYZANTIN DE GREC ANCIEN, composé au XIIe siècle, le plus important qui nous soit parvenu. Il était destiné aux étudiants et érudits et devait les aider dans leur lecture de textes grecs, en particulier ceux des poètes. Il a été publié par Marcus Musurus (c. 1470-1517), humaniste crétois et helléniste distingué qui émigra en Italie vers 1490, avec l’aide de Joannes Gregoropoulos, son beau-frère, qui fut le chef des correcteurs dans l’imprimerie d’Alde Manuce. CETTE EDITION EST UN CHEF-D’OUVRE DE LA PROTOTYPOGRAPHIE GRECQUE EN OCCIDENT. Elle est sortie des presses de deux érudits crétois, Zacharias Callierges (ou Calliergis) et Nicolaos Blastos (ou Vlastos), lesquels fondèrent dans les dernières années du XVe siècle à Venise une imprimerie exclusivement destinée à l’impression de livres en grec. Les deux hommes furent aidés financièrement dans leur entreprise par Anna Notaras, fille de l’un des derniers grands logothètes de l’empire byzantin, réfugiée en Italie avant la chute de Constantinople. Seuls quatre livres ont été imprimés par Callierges et Blastos à Venise : l’Etymologicum magnum est le premier d’entre eux. Tous ont été imprimés avec un caractère grec cursif, dont la beauté et la finesse égalent, voire surpassent, celles des caractères grecs employés par Alde. Ces caractères ont d’ailleurs une particularité qui les distingue des caractères aldins : c’est la gravure et la fonte en une seule pièce de lettres grecques accentuées. Musurus, dans sa préface en forme de poème, en attribue l’invention à Callierges (cf. Proctor, The Printing of Greek in the Fifteenth century, pp 118-126, et Firmin-Didot, Alde Manuce et l’hellénisme à Venise, pp. 549-552). L’Etymologicum magnum est imprimé sur deux colonnes, entre 49 et 51 lignes à la page. Son texte est agrémenté de grandes et petites lettrines ornementales, ainsi que de grands bandeaux xylographiques en forme de U inversé en tête des chapitres, tous ornés d’un décor ornemental constitué d’un réseau de rinceaux et d’arabesques, et imprimés en rouge. Sa mise en page singulière et très esthétique rappelle les manuscrits byzantins dont Callierges, également copiste de renom, s’était fait une spécialité ; les grands en-têtes évoquent notamment les pylai (pylé au singulier), éléments décoratifs typiques de l’art byzantin que l’on retrouve généralement encadrant un titre dans ces manuscrits. Les jolies marques typographiques de Callierges et de Blastos, également imprimées en rouge, sont apposées sous le colophon et le registre : celles de Callierges montrent un aigle bicéphale chargé des initiales Z et K, symbole des empereurs de Byzance. EXEMPLAIRE DU CELEBRE HUMANISTE ALSACIEN BEATUS RHENANUS, avec son ex-libris autographe apposé en haut du titre : Sum Beati Rhenani Nec muto dominum [c’est-à-dire J’appartiens à Beatus Rhenanus et je ne change pas de maitre], suivi de la mention datée Basil&e AN. M.D.XIII. Originaire de Sélestat, Beatus Rinower (ou Bild) (1485-1547), plus connu sous son nom humaniste Beatus Rhenanus, fut l’un des plus savants philologues de son temps. Elève de Lefèvre d’Etaples et grand ami d’Erasme, il fut en contact permanent avec les plus grands érudits de l’Europe. Il partageait sa vie entre l’étude de textes anciens et son métier de correcteur d’imprimerie auprès de diverses officines : Henri Estienne et Josse Bade à Paris, Mathias Schurer à Strasbourg, et Froben à Bale. Tout au long de sa vie, il constitua une bibliothèque, principalement axée sur les langues classiques (surtout le latin), qu’il légua à sa mort à sa ville natale. Hormis quelques exemplaires réclamés à l’époque par les institutions baloises ou prélevés ici et là par les jésuites, cet ensemble fut conservé intact depuis le XVIe siècle et constitue aujourd’hui le fleuron de la bibliothèque de Sélestat : elle compte 423 volumes (dont 201 livres et 222 recueils contenant 1086 imprimés et 41 pièces manuscrites) (cf. Pierre Petitmengin, » Les livres de Beatus Rhenanus » in Histoire des bibliothèques francaises, t. I, pp. 413-417). LES EXEMPLAIRES DE BEATUS RHENANUS EN MAINS PRIVEES SONT DONC D’UNE EXTREME RARETE AUJOURD’HUI. De toute évidence, ce volume faisait partie d’un ensemble de livres et manuscrits précieux (dont un manuscrit d’Aristote et plusieurs fragments ayant servi aux ouvriers compositeurs de l’imprimerie aldine pour les éditions princeps d’Aristote, de Théophraste, d’Aristophane, etc.) légué par le moine dominicain Jean Cuno à Beatus, à son décès survenu à Bale en février 1513 (cf. Simone Follet, » Contributions à l’histoire de deux manuscrits de Philostrate » in Revue d’histoire des textes, n°5 (1975), 1977, pp. 1-11). Beatus percut sans doute son Etymologicum non pas comme un objet de pure bibliophilie mais plut&t comme un véritable instrument de travail. A l’instar du célèbre humaniste Guillaume Budé, qui possédait un exemplaire de cet ouvrage annoté de sa main (conservé à la BnF), Beatus s’en servit pour se perfectionner dans la connaissance de la langue grecque et son étude des textes anciens. On peut retracer une partie du parcours de cet exemplaire après la mort de Beatus. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un humaniste et helléniste strasbourgeois de renom, Richard Francois Philippe Brunck (1729-1803), » exhuma » ce volume de la Bibliotheca Rhenana comme le laisse supposer une lettre écrite de sa main le 12 juin 1772 (cf. Edmond Cougny, » Lettres inédites de Brunck sur les ouvrages grecs qu’il a publiés » in Revues des études grecques, vol. IX, 1875, p. 137). Bibliophile averti, c’est lui qui commanda la reliure de ce volume, très certainement à un atelier de Strasbourg, et fit apposer son nom en queue de celle-ci. Le volume a ensuite appartenu à Antoine-Augustin Renouard, qui avait acheté directement auprès de Brunck une partie de sa collection : il a figuré aux catalogues de 1819 (t. II, p. 19) et 1853 (n°790). Enfin, il passa dans la bibliothèque d’Ambroise Firmin-Didot qui sut en apprécier la valeur : Chaque fois que j’ouvre le bel exemplaire de l’Etymologicon magnum qui me vient de la bibliothèque de Renouard, je me plais à […] lire en tête de la première page ces mots que le savant Beatus Rhenanus y a écrits […]. Cette marque du sincère attachement qu’avait ce savant érudit et bibliophile pour ce livre et pour ceux qu’il possédait provenant de l’imprimerie d’Alde me le rend encore plus précieux, et il le sera pour quiconque aime à revivre avec les anciens souvenirs (Firmin-Didot, Alde Manuce et l’hellénisme à Venise, p. 552, note 1). SUPERBE EXEMPLAIRE, INFINIMENT PRECIEUX PAR SA PROVENANCE, ET EVOCATEUR DE L’EFFERVESCENCE INTELLECTUELLE DE BEATUS RHENANUS POUR LA PHILOLOGIE MODERNE ET L’ETUDE DES LIVRES. EDITION PRINCEPS DE CE LEXIQUE BYZANTIN DE GREC ANCIEN, composé au XIIe siècle, le plus important qui nous soit parvenu. Il était destiné aux étudiants et érudits et devait les aider dans leur lecture de textes grecs, en particulier ceux des poètes. Il a été publié par Marcus Musurus (c. 1470-1517), humaniste crétois et helléniste distingué qui émigra en Italie vers 1490, avec l’aide de Joannes Gregoropoulos, son beau-frère, qui fut le chef des correcteurs dans l’imprimerie d’Alde Manuce. CETTE EDITION EST UN CHEF-D’OUVRE DE LA PROTOTYPOGRAPHIE GRECQUE EN OCCIDENT. Elle est sortie des presses de deux érudits crétois, Zacharias Callierges (ou Calliergis) et Nicolaos Blastos (ou Vlastos), lesquels fondèrent dans les dernières années du XVe siècle à Venise une imprimerie exclusivement destinée à l’impression de livres en grec. Les deux hommes furent aidés financièrement dans leur entreprise par Anna Notaras, fille de l’un des derniers grands logothètes de l’empire byzantin, réfugiée en Italie avant la chute de Constantinople. Seuls quatre livres ont été imprimés par Callierges et Blastos à Venise : l’Etymologicum magnum est le premier d’entre eux. Tous ont été imprimés avec un caractère grec cursif, dont la beauté et la finesse égalent, voire surpassent, celles des caractères grecs employés par Alde. Ces caractères ont d’ailleurs une particularité qui les distingue des caractères aldins : c’est la gravure et la fonte en une seule pièce de lettres grecques accentuées. Musurus, dans sa préface en forme de poème, en attribue l’invention à Callierges (cf. Proctor, The Printing of Greek in the Fifteenth century, pp 118-126, et Firmin-Didot, Alde Manuce et l’hellénisme à Venise, pp. 549-552). L’Etymologicum magnum est imprimé sur deux colonnes, entre 49 et 51 lignes à la page. Son texte est agrémenté de grandes et petites lettrines ornementales, ainsi que de grands bandeaux xylographiques en forme de U inversé en tête des chapitres, tous ornés d’un décor ornemental constitué d’un réseau de rinceaux et d’arabesques, et imprimés en rouge. Sa mise en page singulière et très esthétique rappelle les manuscrits byzantins dont Callierges, également copiste de renom, s’était fait une spécialité ; les grands en-têtes évoquent notamment les pylai (pylé au singulier), éléments décoratifs typiques de l’art byzantin que l’on retrouve généralement encadrant un titre dans ces manuscrits. Les jolies marques typographiques de Callierges et de Blastos, également imprimées en rouge, sont apposées sous le colophon et le registre : celles de Callierges montrent un aigle bicéphale chargé des initiales Z et K, symbole des empereurs de Byzance. EXEMPLAIRE DU CELEBRE HUMANISTE ALSACIEN BEATUS RHENANUS, avec son ex-libris autographe apposé en haut du titre : Sum Beati Rhenani Nec muto dominum [c’est-à-dire J’appartiens à Beatus Rhenanus et je ne change pas de maitre], suivi de la mention datée Basil&e AN. M.D.XIII. Originaire de Sélestat, Beatus Rinower (ou Bild) (1485-1547), plus connu sous son nom humaniste Beatus Rhenanus, fut l’un des plus savants philologues de son temps. Elève de Lefèvre d’Etaples et grand ami d’Erasme, il fut en contact permanent avec les plus grands érudits de l’Europe. Il partageait sa vie entre l’étude de textes anciens et son métier de correcteur d’imprimerie auprès de diverses officines : Henri Estienne et Josse Bade à Paris, Mathias Schurer à Strasbourg, et Froben à Bale. Tout au long de sa vie, il constitua une bibliothèque, principalement axée sur les langues classiques (surtout le latin), qu’il légua à sa mort à sa ville natale. Hormis quelques exemplaires réclamés à l’époque par les institutions baloises ou prélevés ici et là par les jésuites, cet ensemble fut conservé intact depuis le XVIe siècle et constitue aujourd’hui le fleuron de la bibliothèque de Sélestat : elle compte 423 volumes (dont 201 livres et 222 recueils contenant 1086 imprimés et 41 pièces manuscrites) (cf. Pierre Petitmengin, » Les livres de Beatus Rhenanus » in Histoire des bibliothèques francaises, t. I, pp. 413-417). LES EXEMPLAIRES DE BEATUS RHENANUS EN MAINS PRIVEES SONT DONC D’UNE EXTREME RARETE AUJOURD’HUI. De toute évidence, ce volume faisait partie d’un ensemble de livres et manuscrits précieux (dont un manuscrit d’Aristote et plusieurs fragments ayant servi aux ouvriers compositeurs de l’imprimerie aldine pour les éditions princeps d’Aristote, de Théophraste, d’Aristophane, etc.) légué par le moine dominicain Jean Cuno à Beatus, à son décès survenu à Bale en février 1513 (cf. Simone Follet, » Contributions à l’histoire de deux manuscrits de Philostrate » in Revue d’histoire des textes, n°5 (1975), 1977, pp. 1-11). Beatus percut sans doute son Etymologicum non pas comme un objet de pure bibliophilie mais plut&t comme un véritable instrument de travail. A l’instar du célèbre humaniste Guillaume Budé, qui possédait un exemplaire de cet ouvrage annoté de sa main (conservé à la BnF), Beatus s’en servit pour se perfectionner dans la connaissance de la langue grecque et son étude des textes anciens. On peut retracer une partie du parcours de cet exemplaire après la mort de Beatus. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un humaniste et helléniste strasbourgeois de renom, Richard Francois Philippe Brunck (1729-1803), » exhuma » ce volume de la Bibliotheca Rhenana comme le laisse supposer une lettre écrite de sa main le 12 juin 1772 (cf. Edmond Cougny, » Lettres inédites de Brunck sur les ouvrages grecs qu’il a publiés » in Revues des études grecques, vol. IX, 1875, p. 137). Bibliophile averti, c’est lui qui commanda la reliure de ce volume, très certainement à un atelier de Strasbourg, et fit apposer son nom en queue de celle-ci. Le volume a ensuite appartenu à Antoine-Augustin Renouard, qui avait acheté directement auprès de Brunck une partie de sa collection : il a figuré aux catalogues de 1819 (t. II, p. 19) et 1853 (n°790). Enfin, il passa dans la bibliothèque d’Ambroise Firmin-Didot qui sut en apprécier la valeur : Chaque fois que j’ouvre le bel exemplaire de l’Etymologicon magnum qui me vient de la bibliothèque de Renouard, je me plais à […] lire en tête de la première page ces mots que le savant Beatus Rhenanus y a écrits […]. Cette marque du sincère attachement qu’avait ce savant érudit et bibliophile pour ce livre et pour ceux qu’il possédait provenant de l’imprimerie d’Alde me le rend encore plus précieux, et il le sera pour quiconque aime à revivre avec les anciens souvenirs (Firmin-Didot, Alde Manuce et l’hellénisme à Venise, p. 552, note 1). SUPERBE EXEMPLAIRE, INFINIMENT PRECIEUX PAR SA PROVENANCE, ET EVOCATEUR DE L’EFFERVESCENCE INTELLECTUELLE DE BEATUS RHENANUS POUR LA PHILOLOGIE MODERNE ET L’ETUDE DES LIVRES.
Prix marteau : 90000€